Information

Tous les textes sont protégés par l'Agence des dépôts numérique

mercredi 24 août 2022

Méditation du banc public et son miroir

 

Méditation du banc public et son miroir.


Après quelques longues années, presque hors de la mémoire, sans trop bousculer la configuration de cet ailleurs, Aumessas n'entend plus les trains s'essouffler pour parvenir dans un ultime soupir à la modeste gare du village. Les rails, parallèles en continu, pour évoquer l'ivresse de l'évasion n'impriment plus sur le sol le ruban métallique. Pourtant, aujourd'hui, ce point d'escale, s'il ne sert plus d'embarcadère pour des voyageurs, reçoit la visite de nombreux curieux. J'attends déjà vos interrogations un tantinet ironiques contre les campagnes ?

L'abandon du chemin de fer reste une trahison. Pour certains, la passion du pays chevillée au corps, s'autorisent d’originales audaces. Par amour de ces obstinés, fiers de leur terroir, la vie a repris un nouveau panache sur les traces exprimées par l'aventure du train. Désormais, le lieu s'habille de nombreux arbres. La patience du temps offre aujourd'hui un îlot de fraîcheur, de détente pour les promeneurs du dimanche et des touristes à l'accent bizarre.Quelques banquettes judicieusement disposées s'invitent pour un arrêt. Là, sans rien exiger de plus, contempler l'harmonie qui se révèle à la curiosité de notre regard. Ici s'ouvre le monde secret de nos pensées en communion avec cette douce musique que nous envoie la nature triomphante.Qui, par un toupet malicieux, osa dans ce cadre idyllique, agrémenter le lieu d'un minuscule plan d'eau avec en son milieu un banc. S’asseoir sur ce siège réclame de se mouiller les pieds avant de savourer un relâchement mérité malgré les sourires insensés des timorés. Il suffit du culot de la jeunesse sans politesse pour des culs-bénits ou de la folie de l'autre versant de l'âge déjà un peu fêlé, pour oser se montrer, assit les pieds à la fraîche dans un tel endroit. À mieux observer les couples aventureux de cette chance de frivolité : la différence se découvre selon l'âge des contrevenants. La bienséance morale des règles, s'applique-t-elle vraiment ?

Un couple plein de pétulance, d’insouciance par la grâce de son printemps, se permettra la niaiserie d'une tempête pour briser ce miroir d'eau. Pourtant à cet instant, si une miette de modération venait à calmer cette ardeur, la prestance du futur laisserait un goût amer de rides prochaines se révéler sur la tourmente de l'eau. Oh ! Joli miroir, apprends-nous les valeurs complices du temps sans trop nous condamner à l'affront des bourrasques de larmes et de froid. Pardonne l'étourderie de la jeunesse dont le regard ne s’inquiète pas du devenir. Néanmoins, sans aucun soupçon de faux silence s'ébruitent les métamorphoses de nos saisons sans la moindre chance de sursis. Pendant l'espace de ce court moment qu'éternise la nonchalance des premières années, certains s'habituent déjà avec le sérieux de la fleur de l'âge. Ils s'étonnent avec en pointillé une grimace au goût amer, simple ombre sur le visage, petit défaut encore dissimulé d'une attaque sans charité du monde des rides. Sans un soupir de repos, les caprices du temps cisèlent l'insulte de nos imperfections avec dextérité et la patience de l'artiste en quête de la pureté de son œuvre . Parfois, il s'honore d'un répit pour nos attraits, merveilles insouciantes aux atteintes des années qui s'écoulent sur des demi-teintes mélancoliques. Regarder devant soi, sans cesse fixé sur le présent sans flirter sur la chansonnette morose d'un passé déjà en fuite. Sur l'aventure d'autres lendemains, le futur s'abandonnera du matin au soir sur la patience d'une horloge du trop tôt du trop tard. Vivre sans limite, mais exister pour jouir maintenant, peu importe la grimace des rides.

Abandonnez-vous à la consécration du calme intérieur, siège de la modération vertueuse. Faussez compagnie au regard complice de toutes les vanités et fatuités, souvent m'as-tu- vu de votre propre miroir. Ne mettez pas en pièces par une abusive colère, la justesse de votre propre reflet. Initiez-vous à la noblesse d'un visage vrai, jusqu'à offrir à la ronde la pureté du cœur ? D'un pas sans crainte, avancez-vous, vers la lumière. Le bonheur se cache avec une parfaite élégance : lueur timide d'une modeste lanterne. Elle éclairera vos ténèbres. Sa flamme délicate, sensible au moindre tourment, embrasera d'étoiles le dénouement de la nuit où se fourvoient vos angoisses. Ô, miroir qui ose traverser ton reflet ensorceleur, qui se pose cette question: qui s'agite derrière ?


JP D'ILLIBERIS


Dépôts numériques N° D 48393-17038



















Par la force du doute.

  La chronologie des années qui nous occupe : bruyante période, où le repli sur soi s'accommode indécis, à l'unisson des silences ra...