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samedi 26 avril 2025

Lorsque l'esprit des cailloux ricoche

 

Chaque période du calendrier, lorsque le soleil s'offre pour une sortie sans illusoire provocation du ciel, avec un intérêt sans chantage, vous pouvez suivre en douce, Monsieur COTLEYTER et l'observer dans ses distractions.


Vous remarquerez, un peu goguenard, les quelques négligences vestimentaires que COT s’octroie. Tiens, voilà du nouveau pour notre mentor. Nous le nommerons désormais plus brièvement : COT. Ce diminutif se porte, d'une manière moins protocolaire, plus naturelle, plus spontanée et plus avenante. Cela s'accommode sur un flou que COT admet afin de ne pas trop surmener un reste de matière grise, personnage fidèle de la chaise longue. . Les différentes périodes de la vie de COT se divertissent, de jadis, d'autrefois, de naguère afin de meubler les vides du présent. Donc, le bas du pantalon de notre personnage se colore d'un nuage de poussière ocre, désignant ainsi la constante fréquentation de chemins campagnards. La veste pas mal défraîchit par les caprices des saisons et une certaine négligence de son propriétaire bâillait d'abandon, du côté des poches latérales. Monsieur COT, possédé par une marotte qui prenait obligeamment les vulnérables dessus de sa volonté, déposait dans les poches de sa veste fatiguée des cailloux choisis méticuleusement sur le chemin. Cette distraction plutôt curieuse peuplait toute en langueur les flâneries et éloignait inexorablement COT de son douillet chez-soi. Ainsi, il occupait tant bien que mal ses sempiternels moments d'oisivetés. Lorsque les poches de sa vieille veste s'opposaient à un supplément de cailloux, COT ne s'entêtait pas à l'ajout d'une surcharge inutile. Sa marche improvisait une autre allure, plus légère, plus fringante. Il se donnait l'impression d'un jeune homme agile et sans souci. Il gambadait heureux vers un but précis pour déployer avec souplesse et virtuosité son art secret du ricochet sur la surface tranquille d'une paresse de la rivière.


Dans ce lieu, où tout paraît paisible, calme et inexprimé, COT s'abandonne par la discrétion muette de pensées sans turbulence. Son regard s'égare, le temps d'un soupir sur le frisson d'une branche légère, garnie de jeunes feuilles que chatouille une brise fraîche sur les restes d'une nuit déjà lointaine. Quelques gazouillis voudraient lui donner l'envie d'un frou-frou d'ailes trop curieuses. Ce cher COT, va-t-il oser, par son jeu maniaque, iriser l'arc-en-ciel du miroir de l'eau ? Va-t-il déchirer l'infini silence de la beauté orchestrale de ce tableau que lui offre ce coin de nature ? Les plofs, les ploufs, derniers sursauts des ricochets avant de couler dans les profondeurs transparentes de la rivière, embelliront-ils l'harmonie mélodieuse de nos songes ?


Fabuleux intervalle dans l'entre-temps de la course du soleil. Tout s'accorde et s'harmonise sur la surprise du jour. La lumière s'amuse sur les étincelles des couleurs en perpétuel mouvement par le jeu d'un kaléidoscope chatoyant. Tiens, tiens ? Une virevolte sur l'astuce de l'imaginaire, une ombre se blottit dans l'invisible nudité d'un parfum. Ainsi, se dévoile un ancien présent d'une ex-rencontre avec la douceur, la complicité, la droiture d'un regard chargé de caresses et de pudeur. Alors, sans rien réclamer sur des lendemains aussi beaux qu'un dernier tremblement de la nuit, s'égarer sur les fantaisies d'un geste tant et tant préparé, analysé, étudié, rabâché depuis des lustres. Seul l'effet reproduit par COT en devient un mouvement précis par l'assistance d'un long soutien d'apprentissage. Agile, il se déploie en parfaite souplesse, le bras droit aussi vif qu'une flèche pour un impact violent. Un caillou frôle l'onde. Un cercle de rides se forme et s'agrandit. Déjà, un rebond permet un autre envol et redessine avec surprise une figure comparable sur l'eau pour honorer la danse du caillou de ricochet en ricochet. Tout s’essouffle. La pierre trop pesante dans un ultime soupir s'abandonne sur le fond de la rivière et contemple à travers le miroir de l'onde un morceau de ciel, comme un sentiment d'amertume. Le galet trop lourd vient de perdre les ailes que lui octroyait le geste olympien prodigué par un séducteur d'illusions.


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