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jeudi 27 octobre 2022

Percussion des mots.

 





La délicate clarté lumineuse d'un matin simplement ornée de quelques larmes de rosée, distille les soupirs réguliers d'une balançoire agacée par des soupçons d'un tranquille alizé. Une splendeur orientale se met discrètement en place . L'invisible et lointaine chasteté océanique voudrait provoquer l'envol de grandes ailes captives par une complicité ordinaire. L'horizon cherche une issue pour s'égailler dans l'infini d'une émotion. Puis, sur une harmonie presque muette, mais peu s'en faut ensorceleuse, se manifeste le flou d'un rêve sans destin. Par un geste nébuleux sans commune mesure avec la force du réel, cette langoureuse musique s'enveloppe dans des draps déjà froissés par trop de couleurs nocturnes où filent les dernières toquades de mon étoile.


27/10/2022


mardi 20 septembre 2022

Ainsi se révèle le poète.



Le Regard s'habitue sans précipitation à l'ivresse de la profondeur. Il nous conduit sur le fil d'une frontière invisible et les soupirs confidentiels de l'âme. Cet instant de silence n'orchestre aucune angoisse. Tout au contraire, il nous invite à participer à une conversation ou chaque mot s'habille avec la perfection des formes, que s'apprête à toucher la sensualité d'une divine caresse. Le reste du visage s'appuie sur la beauté du calme et l'harmonie gourmande d'une très longue sagesse. Ici, agréable surprise, s'ouvre la fraîcheur d'une rosée matinale jusqu'au bout d'un ultime éclat d'étoiles dans les yeux qui délivre l'élégance de l'esprit. La musique de la voix se dévoile derrière la dérobade d'un sourire fasciné par la ruse d'une pirouette.

Tel se présente par cette singularité authentique, le délicat réconfort de la poésie de Christian BOBIN.


20/09/2022

mercredi 24 août 2022

Méditation du banc public et son miroir

 

Méditation du banc public et son miroir.


Après quelques longues années, presque hors de la mémoire, sans trop bousculer la configuration de cet ailleurs, Aumessas n'entend plus les trains s'essouffler pour parvenir dans un ultime soupir à la modeste gare du village. Les rails, parallèles en continu, pour évoquer l'ivresse de l'évasion n'impriment plus sur le sol le ruban métallique. Pourtant, aujourd'hui, ce point d'escale, s'il ne sert plus d'embarcadère pour des voyageurs, reçoit la visite de nombreux curieux. J'attends déjà vos interrogations un tantinet ironiques contre les campagnes ?

L'abandon du chemin de fer reste une trahison. Pour certains, la passion du pays chevillée au corps, s'autorisent d’originales audaces. Par amour de ces obstinés, fiers de leur terroir, la vie a repris un nouveau panache sur les traces exprimées par l'aventure du train. Désormais, le lieu s'habille de nombreux arbres. La patience du temps offre aujourd'hui un îlot de fraîcheur, de détente pour les promeneurs du dimanche et des touristes à l'accent bizarre.Quelques banquettes judicieusement disposées s'invitent pour un arrêt. Là, sans rien exiger de plus, contempler l'harmonie qui se révèle à la curiosité de notre regard. Ici s'ouvre le monde secret de nos pensées en communion avec cette douce musique que nous envoie la nature triomphante.Qui, par un toupet malicieux, osa dans ce cadre idyllique, agrémenter le lieu d'un minuscule plan d'eau avec en son milieu un banc. S’asseoir sur ce siège réclame de se mouiller les pieds avant de savourer un relâchement mérité malgré les sourires insensés des timorés. Il suffit du culot de la jeunesse sans politesse pour des culs-bénits ou de la folie de l'autre versant de l'âge déjà un peu fêlé, pour oser se montrer, assit les pieds à la fraîche dans un tel endroit. À mieux observer les couples aventureux de cette chance de frivolité : la différence se découvre selon l'âge des contrevenants. La bienséance morale des règles, s'applique-t-elle vraiment ?

Un couple plein de pétulance, d’insouciance par la grâce de son printemps, se permettra la niaiserie d'une tempête pour briser ce miroir d'eau. Pourtant à cet instant, si une miette de modération venait à calmer cette ardeur, la prestance du futur laisserait un goût amer de rides prochaines se révéler sur la tourmente de l'eau. Oh ! Joli miroir, apprends-nous les valeurs complices du temps sans trop nous condamner à l'affront des bourrasques de larmes et de froid. Pardonne l'étourderie de la jeunesse dont le regard ne s’inquiète pas du devenir. Néanmoins, sans aucun soupçon de faux silence s'ébruitent les métamorphoses de nos saisons sans la moindre chance de sursis. Pendant l'espace de ce court moment qu'éternise la nonchalance des premières années, certains s'habituent déjà avec le sérieux de la fleur de l'âge. Ils s'étonnent avec en pointillé une grimace au goût amer, simple ombre sur le visage, petit défaut encore dissimulé d'une attaque sans charité du monde des rides. Sans un soupir de repos, les caprices du temps cisèlent l'insulte de nos imperfections avec dextérité et la patience de l'artiste en quête de la pureté de son œuvre . Parfois, il s'honore d'un répit pour nos attraits, merveilles insouciantes aux atteintes des années qui s'écoulent sur des demi-teintes mélancoliques. Regarder devant soi, sans cesse fixé sur le présent sans flirter sur la chansonnette morose d'un passé déjà en fuite. Sur l'aventure d'autres lendemains, le futur s'abandonnera du matin au soir sur la patience d'une horloge du trop tôt du trop tard. Vivre sans limite, mais exister pour jouir maintenant, peu importe la grimace des rides.

Abandonnez-vous à la consécration du calme intérieur, siège de la modération vertueuse. Faussez compagnie au regard complice de toutes les vanités et fatuités, souvent m'as-tu- vu de votre propre miroir. Ne mettez pas en pièces par une abusive colère, la justesse de votre propre reflet. Initiez-vous à la noblesse d'un visage vrai, jusqu'à offrir à la ronde la pureté du cœur ? D'un pas sans crainte, avancez-vous, vers la lumière. Le bonheur se cache avec une parfaite élégance : lueur timide d'une modeste lanterne. Elle éclairera vos ténèbres. Sa flamme délicate, sensible au moindre tourment, embrasera d'étoiles le dénouement de la nuit où se fourvoient vos angoisses. Ô, miroir qui ose traverser ton reflet ensorceleur, qui se pose cette question: qui s'agite derrière ?


JP D'ILLIBERIS


Dépôts numériques N° D 48393-17038



















dimanche 17 juillet 2022

Ainsi se croisent nos parallèles (chapitre10)





10

Sans donner l’impression de commencer par des doutes, ce qui par les circonstances se targuerait d’intentions de méfiances, Rankei avec calme demande à Arthur et Clotaire de dire la vérité de leur présence sur ce bateau.

Sans la moindre hésitation, Arthur et Clotaire se lancent sans réfléchir à une quelconque réserve, dans le récit de leurs mésaventures, depuis la fuite indigne d’Esparon, jusqu’à la réception brutale sur cette plage. Ils n’esquivent aucun détail. La vérité, rien que la vérité nue malgré leur bassesse, leur zèle, leur énergie, ce courage qui les anime face aux lâchetés d’un capitaine sans scrupule.

Par ce courage retrouvé sur la fortune des mots, Arthur et Clotaire dévoilèrent leur cheminement par un long récit ouvert par le laisser-aller d’un sourire, suivi de sombres déconvenues.

D’abord pour disposer de la surprise du décor se manifeste la discrétion d’une liaison indélébile avec la puissance de la montagne. Elle grave dans le cœur de ses enfants, pour toujours, la mémoire de ses formes audacieuses, ses valeurs, ses raisons. Elle calme nos violences par la fraîcheur de ses sources. Elle chasse nos mauvais rêves, dès l’innocence d’un matin, par l’élégance d’un souffle d’air pur. Chacun de ses caprices dessine l’harmonie du contour de ses sommets, de ses collines, du détail de ses vallées, jusqu’à captiver nos passions par l’aventure d’une larme portée par l’émotion.

Ils arrivèrent sur une suite d’erreurs et de catastrophes ici où rien ne s’imprime encore sur les frissons de la mémoire. Ils découvrent alors la grandeur de l’amour : parler du petit village de leur enfance. Pourquoi s’enfuir quand tout se déroule avec l’harmonie des jours et la chaleur du cercle d’une famille ?

Le début des saisons souriantes rendait impatients chèvres et moutons. Berger, voici la belle aubaine d’une occupation ancestrale où vagabonde l’esprit de la jeunesse en quête d’ailleurs. À cela s’ajoutaient quelques menus apprentissages de culture ménagère. Tous ces travaux participaient au bien-être commun. Chaque jour, leur principale contribution s’activait, avant tout de mener leur troupeau sur les pentes verdoyantes d’une riche et abondante herbe sous la canopée des châtaigniers séculaires à proximité des quelques maisons du Caladon. Pourquoi, lorsqu’un environnement idyllique nous gratifie de ses dons, une envie d’ailleurs s’invite-t-elle sournoisement ? Cette vie réglée avec l’harmonie de satisfactions simples permit malgré tout de semer, dans les jeunes cervelles, l’intérêt de perspectives aux images brillantes et colorées. Cette foucade un brin stupide les retrouva, avec la gaieté liée à leur âge, sur des chemins où se cachent des ombres trompeuses, des sourires venimeux. Les premiers jours de cette escapade décernèrent sans trop de fausses notes leurs lots de satisfactions et ainsi, s’effacèrent les derniers soupirs d’un vil abandon familial, des amis, du pays. À l’extrême limite du chemin de nos jeunes sans-souci, la mer présente sa frontière où murmure le perpétuel ennui des vagues. Sur le bord de la plage, fidèle à une suite logique dans ses idées, le capitaine d’un vaisseau, la tête déjà pleine de vieilles entourloupes attend une prochaine provision de victimes. Arthur et Clotaire écoutent avec gourmandises d’alléchantes paroles auxquelles s’ajoutent des surenchères invraisemblables de ce tenace bourlingueur des flots. Sans trop ressasser la valeur des serments de cette fripouille, ils embarquent sur ce poussiéreux rafiot, pour découvrir sans tarder le piège de ce voyage. L’attente naïve d’un lointain enchanteur vient de leur jouer une sale farce, sur la suite de cette fugue. Sans plus de courtoisie, les voilà devenus esclaves sous le joug du maître à bord crachant à tout va des ordres de corvées. Une seule solution : fuir ce traquenard dont les portes restent pourtant grandes ouvertes, oui, mais sur les flots, vaste étendue prête à vous engloutir dans une autre prison. Réfléchir, trouver un au-delà vers la liberté plus raisonnable se glisse comme une hantise silencieuse entre eux. Épier avec modération la sagesse et le sang-froid de la patience afin de vaincre par le courage l’occasion de s’affranchir sans une larme des griffes de cet ignoble individu.

Sans que la chance se manifeste d’une allure claire, il s’accomplit de temps à autre, avec une discrétion divine qu’un atout providentiel s’offre à une main secourable. Ce coup merveilleux du sort, en prendre possession aussitôt et oublier sans gamberger l’inutile du moment. À son début, la tempête se présente comme un prétexte de fuite, qui au-delà de toute espérance s’applique à bousculer jusqu’au dernier plan d’évasion. Sans politesse, une déferlante sauvage jette par-dessus bord nos deux vulnérables jeunes hommes pour les charrier sans ménagement comme de vulgaires débris sur le dos de la furie océanique. Les tourbillons féroces de ce cyclone, sans précaution ni égard les emportent, puis les abandonnent au loin, sur un banc de sable, fragile esquif au milieu du courroux des éléments endiablés.

Arthur et Clotaire se taisent, ils ne trouvent plus de mots, parfois il fallut même les aider avec pudeur et tact quand des propos butaient sur des émotions trop fortes. Maintenant, une pause s’oblige à observer un temps de non-bavardage. Les pensées galopent seules sur les secrets intimes. Ainsi s’apprend à décrypter une exacte retenue. Ce silence n’a rien de pesant. Il libère.

Comme un baume adoucit la douleur, un murmure s’aventure sur la délicatesse de paroles choisies.

Par l’avantage du panorama que déploie à leur pied le mont Shôjôgatake, le bonze Rankei observe pour son jugement chacune des différences afin de sentir et comprendre la sensibilité des êtres. Sa voix apaise. Elle raconte avec justesse la fin de la tempête. Deux corps, apparemment jeunes, vêtus de guenilles, gisent abandonnés sur la plage. Miracle ! Ils respirent, ils vivent, clos dans l’inconscience. Sans plus tarder, les transporter jusqu’au monastère et assurer les premiers soins. Arthur et Clotaire pendant trois jours délirent, s’agitent le teint fiévreux. La vie grâce à l’adolescence réclame sa part et n’abdique pas devant cette infortune du sort. Il reste tant de féeries à fréquenter.

Rankei, avec parcimonie, ménage la portée de ses propos, avec en plus l’habileté d’une sagesse habituée au sacré. Il parle de ses obligations et de la vie monacale de la petite communauté. Puis, il s’accorde sur la solidarité qu’il doit assumer dès à présent vis-à-vis de nos naïfs naufragés. Il ne peut abandonner, nos jeunes amis, maintenant perdus dans un monde si éloigné de leur terre mère. Il ne provoque l’agressivité d’aucune réprimande à l’égard de l’insouciante : fragilité de l’adolescence. Il tremble à simplement imaginer le long voyage qu’il faudrait entreprendre pour ces encore un peu gamins, s’ils leur prenaient l’aventure afin de refaire le chemin du retour. Sa conscience, habituée à la prudence des réflexions éclairées, lui interdit de laisser à nouveau s’aventurer sur des routes inconnues, où se rencontrent des pléthores de traquenards, l’envie aléatoire de nos amis.

Arthur, vient-il de dévoiler les murmures secrets des préoccupations morales de Rankei. Une question s’achemine sur l’écho de sa voix : puis l’entendre prononcer « combien un voyage vers le retour des côtes de notre pays nous demanderait-il de jours ».

Le moine Rankei examine par la grâce d’un profond silence les incertitudes qui se bousculent et tourmentent Arthur. Homme de prière, il s’interroge comme s’il désirait lire à cet instant, les doutes et les espoirs d’une demande. Elle vient d’être suggérée par la chute d’un cœur en errance. Il entrevoit dès ce moment qu’une réponse trop rapide peut devenir un sourire ou une larme. La bonté de son âme connaît la portée des mots justes pour redonner la confiance. Il utilise ce pouvoir avec harmonie et sagesse.

Grave malgré le ton du langage qu’il souhaite léger, porteur d’optimisme, Rankei déclare : comment le temps s’estime, selon tous les aléas du hasard. Il suppose, parfois, la menace du jusqu’au-boutisme, du matamore, ou ne se prive pas des incertitudes promises par des caresses de canailles. Rejoindre votre terre de France ne se mesure pas sur la clarté du lever jusqu’au coucher du soleil. Cela s’apprend sur la durée des saisons, donc avec la persévérance. Partir comme à présent sur le doux sourire printanier, le réveil de la nature deviendra un compagnon idéal pour forger le courage. Puis, poursuivre sous les feux torrides de l’été, sans jamais réduire l’allure d’une navigation sur des eaux trop calmes où se traînent l’ennui et l’inquiétude. Continuer, brillant de sueur, la peau brunie et lustrée, torse dénudé, où se dévoile l’esquisse de muscles virils, sous les ardeurs d’un soleil impitoyable. Toujours, s’avancer sans protester sur tout, et n’importe quoi. Découvrir comme une étrenne par la surprise fraîche d’un matin, quelques larmes de rosée sur l’avant-goût coloré de l’automne, là où s’amuse la chevauchée du temps qui passe. Ensuite, sans trop se hâter, les lambeaux de l’arrière-saison s’effilochent sur les tristesses grises du ciel. Les rigueurs de l’hiver nous préparent ses offensives à pas de loup. Par une aurore trop-plein de silence, la froidure nous divulgue ses premières morsures sur le drap blanc d’un paysage gisant et muet. Le bout du voyage retour ne manifeste encore aucune sympathie sur les images exprimées par les caprices d’horizons absents sur la mémoire. Faudra-t-il attendre longtemps ainsi sur l’échiquier original des promesses invisibles des gifles du vent ? La patience dissimule des extraordinaires soudains, sur l’aboutissement de ce long voyage. L’invitation d’une innocente brise ne présage-t-elle pas l’approche de parfums inscrits dans l’émotion des premiers souffles de la vie ? Tout ce temps pour poser enfin les pieds sur la terre mère ne se décide pas sur un simple claquement de doigts : une réflexion constante rassure la volonté.

Parvenu au terme de ses explications, Rankei tait son savoureux langage. Ainsi s’impose une salutaire quiétude où rien ne transpire du vacarme des pensées qui se bouscule, malgré leur silence, dans la tête d’Arthur et de Clotaire. Rankei quitte sa place assise et s’apprête à redescendre vers son monastère. Cette attitude instinctive déconcerte nos jeunes amis. Ils restent muets, le regard perdu sur le panorama des montagnes qui porte comme des regrets de leurs discrètes Cévennes. Puis au loin l’immensité bleue trop placide de l’océan, cette frontière où se cachent des artifices, des tromperies. À nouveau, ils se tournent vers Rankei qui semble émanciper sur les traits de son visage rayonnant la pureté d’une révélation. Heureux signal de calme, d’amour, d’espoir, de sagesse quand se consacre sans arrière-pensée la psalmodie d’une oraison muette de bienvenues. Sans élever le ton, il annonce, tel un message d’invitation libre de toutes contraintes : je retourne vers mon monastère, car m’attend en ce lieu le cheminement léger de l’esprit par une longue méditation. Vous pouvez encore admirer les surprises alentour pour vous aider à trouver la prochaine direction de votre destin. Sachez que notre temple peut devenir un accueil franc et sans chaîne. Vous pourrez nous rejoindre, dès que vous sentirez le désir se manifester sans détour en vous. Nous vous compterons parmi nous sans rien vous réclamer de nos obligations monacales comme des laïcs respectueux de nos croyances.

Témoin de ce temporel, maintenant Rankei se tait. L’âme apaisée, il commence la descente vers son lieu de prière. Seul, un simple grincement de pas sur les petits cailloux du chemin empêche le silence d’envahir cette solitude paisible.



samedi 18 juin 2022

ESPRIT CANICULE.



La chaleur vibre dans une atmosphère étouffante où s'élèvent des mirages impossibles à enlacer. Comparable à un métal en fusion, le paysage se pétrifie de stupeur jusque dans l'intimité des profondeurs de la terre. Les racines convoitent la moindre trace d'humidité pour guider vers la cime de l'arbre une maigre goutte de vie qu'attend une frêle feuille sous les brûlures d'un soleil impitoyable. Pourtant là-haut, telle une caresse sensible, un zéphyr indécis et silencieux tourmente d'un frisson tranquille la juvénile canopée. Par un effort invisible, quelques délicates ramilles aux justes nuances émeraude s'élancent vers la pureté d'une lumière triomphante.

L'enthousiasme et l'esprit de ce destin  procurent une force stupéfiante par le réveil de cette minuscule résurgence. L'enchantement de ce plaisir nous laisse interdits et admiratifs de la volonté et du génie de l'univers.

vendredi 3 septembre 2021

Le Désir.

 

Le désir, s'il ne s'attarde qu'à la recherche de satisfactions matérielles possessives et pourvoyeuses d'orgueil afin de flatter notre ego, ne pourra que nous attirer dans une impasse : désert d'amertume, longue plaine de douleur. Là, sans indulgence nous serons livrés corps et âme à un immense espace vide d'un trompeur silence chargés de rancœur. Nous essayerons, en vain, de nous raccrocher encore et toujours aux valeurs précaires qui se plaisent à nous entraîner, sans un instant de repos, sur les vices de nos gourmandises et toutes nos stupides suffisances : sans un soupçon de pénitence, hélas! se corrompre une fois de plus, avec volupté dans les vertiges du néant. Puis, essuyer une larme de regret qu'il faut vite oublier pour s'entendre murmurer discrètement pour soi-même : que restera-t-il de nous? 

Une autre trajectoire serait-elle vraisemblable ?

L'apprentissage de la douleur, peut-il nous ouvrir d'autres portes ? Peut-il nous guider vers l'acceptation noble d'une douleur engendrée par l'offense de l'esprit, cette flamme de l'âme ? Puis nous élever dans la pureté jusqu'à l'extase du beau.

Ceci appartient-il à une autre échelle de valeur, qu'il nous faudra escalader, libre et sans contrainte pour trouver l'éclat d'un ciel pur ? Nous purifier de toutes nos lâchetés et voir s'évanouir le sang de nos blessures, telles les vapeurs nébuleuses qui s'élèvent au-dessus d'un torrent, le matin lorsque les premiers rayons du soleil s'éveillent pour adoucir nos angoisses.


Le 3 Septembre 2021




mercredi 11 août 2021

Extrait de "Ainsi se croisent nos parallèles"

 

Le souffle capricieux déchire sans arrêt le voyage lointain des dessins fébriles des nuages tourmentés par les gifles invisibles d'Éole qui arrive de nulle part et espère s'éloigner vers, n'importe où. Il lui prend le toupet, au hasard d'une rencontre, de venir saluer l'envol d'une casquette d'un capitaine marin. Zéphyr, tu viens de dénuder le crâne sans cheveu de ce vadrouilleur des panoramas immenses chahutés par d'incessantes vagues. Pour te laisser croire au pardon, tu lui chatouilles les profondes rides de son visage buriné agrippé au tuyau de sa pipe qui résiste encore sur ses lèvres muettes de colère. Sacrebleu ? Folle brise, tu provoques les cendres rougeâtres du fourneau de sa bouffarde , ainsi s'échappe un nuage de fumée , immédiatement tourmenté par l'insolence têtue d'une bourrasque. Cette fragile fumée voudrait s'élancer vers les hauteurs célestes de rêves fabuleux, mais cette pauvre imagination gazeuse se dissipe dans la transparence de l'air avant de découvrir la grandeur du monde et retrouve dans un silence chargé d'illusion, la solitude d'une éternité.

Cet atypique matelot aurait-il dans sa besace, moissonnée, lors de ses divagations sur la transparence des océans, des balivernes, des sornettes, qu'une soi-disant légende métamorphoserait en conte à dormir debout, ou histoire bien sage avant d'aller s'allonger dans la douceur de draps blancs pour une nuit chevauchée de bizarreries singulières.

Et, vieux moussaillon plein de malices, n'essaies-tu pas de me leurrer par les reflets du beau miroir bleu de tes folles navigations, par toutes sortes d'incantations fallacieuses. Je ne contemple qu'une incessante tempête de sommets, de monts, de vallonnements provoqués par les sourires de mes montagnes dans le grandiose cercle de l'horizon. Ce n'est pas un atlantique, ni un pacifique qui enchantent le panorama. Simplement le charme de mes belles Cévennes qui se jouent des vapeurs d'alcool que, bourlingueur des mers, tu honores toujours avec délectation. Le vent des sommets grave dans le noyau sec de ta cervelle, le vaporeux conflit des mirages d'un courant d'air. Remets vite les pieds sur terre, car tu le vois bien, tu sais si mal naviguer sur l'étendue liquide des mers de tous les continents. Il t'arrive parfois, pris de frayeur, par une simple flaque d'eau, d'entendre rabâché par écho dans la montagne, ton appel au secours, te croyant déjà englouti dans les profondeurs glaciales des abysses.

Notre héroïque marin d'eau douce, pourra-t-il, avec la dévotion d'une sagesse pudique, requise par les contes d'O. à faire rougir de jeunes communiants, déclamer sans tergiverser, de lubriques odyssées ? À moins qu'il arpente des sentiers vertigineux par monts et par vaux, avec son âne têtu, comme nul autre, pour grappiller,ici et n'importe où, des phrases sans queues ni têtes, puis en bout de course déblatérer d'une voix solide un récit à dormir debout à des badauds époustouflés comme des gobe-mouches sur le chemin de la rivière, une canne à pêche fièrement juchée sur l'épaule et une épuisette bien vide traînant derrière eux.

Lorsque l'esprit des cailloux ricoche

  Chaque période du calendrier, lorsque le soleil s'offre pour une sortie sans illusoire provocation du ciel, avec un intérêt sans chan...