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lundi 13 avril 2020

LE MIROIR LUNAIRE.

                                                Tout en se jouant de la quiétude du soir et d'autres murmures, la lune, par la malice de son illumination blafarde, s'illusionne du leurre féerique du paysage qu'elle s'autorise. Les plis et caprices de l'espace naturel, arrangent de nouvelles transformations par le jeu des ombres et nuances accompagnant un début d'angoisse.
                                                Le lit de la rivière continue, lui, sans rien attendre, sa mélodie claire et apaisante. Toutefois, à mieux scruter cet endroit sous l'éclairage lunaire, le cours d'eau s'amuse, se transforme et s'enflamme. Il devient prisonnier d'une coulée de lave incandescente. La magie de la lueur nocturne et de son astre ensorcelle le regard. Un volcan illusoire s'écoule et crache sa colère brûlante jusque dans cet espace pourtant si paisible. Par les ténèbres d'une nuit qui progresse toujours plus, la toile de fond du site affirme l'apparition d'une vision tourmentée et kafkaïenne. 
                                                 Sentir, une caresse rampante et glaciale d'un souffle s'exprimer sur nous par une inquiétude de frissons responsables de sueurs froides, instant terrifiant. Ainsi se révèle le témoignage d'une réminiscence de contes lugubres. Affabulation s'évadant des méandres de la mémoire aux couleurs éteintes d'autres périodes perdues  dans le dédale des siècles.
                                                 A présent vient s'imposer comme une perversion pétrifiante et sadique, l'arrêt de notre volonté de fuir vers la clémence d'une autre interprétation. Une invitation s'inscrit, sans la possibilité d'un accord de refus. Obligation pour le consentement de toute notre attention aux légendes d'outre-temps, dans le cercle fanatique, autour d'un feu. Croyance de rites démonistes dans la fièvre de prières incantatoires. Les flammes s'élèvent et dansent vers l'adoration des ténèbres. Envoûtantes farandoles obscures de corps surgit dans le  scintillement de l'incendie nocturne. Sifflement lugubre des notes d'une musique sortie de la nuit des siècles. Chant tournoyant au dessus des têtes par le geste circulaire d'un envol de la tonalité grave ou aigu des rhombes agités par de puissants fantômes consentant pour un clin d'oeil à nous présenter leur squelette. Derviche tourneur et chaman fictif, serviteurs d'autres croyances, envoûtants le regard vers une folie capable d'un curieux abandon, chargé d'ivresse ostentatoire.
                                               Ainsi, parfois, nous découvrons à travers l'émotion, vers un chemin d'un moment paisible, l'arrivée insoupçonnée de tourbillons porteurs de paniques enfouies dans les profondeurs d'une mémoire subitement réveillée.
                                              Notre appel inconscient vers une trace de luminosité, vers une aube libératrice, semble incarcéré dans notre volonté sans voix, un appel muet qui ne peut s'épanouir et nous reconduire vers la clarté de  l'autre monde.

                                                            11/04/2020                                                 

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